Lectures d'été 2022

Publié le par Arii Stef

L’été est toujours une période propice à la lecture, beaucoup moins que d’habitude pour moi, je fus très occupé ! Voici quand même un retour sur les livres lus, beaucoup de rôlisteries comme d'habitude mais pas que : les jeux Shaan et Donjon & Cie, le dernier roman Polaris, Les Chants de Maldoror et une biographie de Laurent de Médicis.

Shaan Renaissance : Manuel d’itinérance (Livre de base), Julien Bès, Vincent Lelavechef, Matt le Chacal, Igor Polouchine (2014)

Je ferai dans l’avenir un retour détaillé sur toute la gamme mais après avoir été déçu par le kit d’initiation, je suis assez mitigé sur ce livre de base. Pour rappel, Shaan est un jeu de rôle se déroulant sur une lointaine planète colonisée par les humains mais déjà habitée par 9 races intelligentes. Les humains instaurèrent bientôt une terrible dictature théocratique (cadre de la première édition) mais une révolution provoqua l’instauration de nouvelles institutions égalitaires (cadre de la 2ème édition).

J’ai aimé :

  • L’univers foisonnant avec ses races extraterrestres, son vaste cadre géographique et les spécificités de son univers
  • La complétude du livre avec un système complet, des éléments d’univers assez riches et des scénarios
  • Un cadre de jeu moins sombre que dans la v1
  • Les scénarios, surtout le premier

J’ai moins aimé

  • Un système un peu touffu à mon goût, avec des inspirations jeu vidéo pas folles
  • Le côté systématique dans les règles et l’univers des 3 Trihns, des 10 éléments, du chiffre 10, qu’on retrouve partout à toutes les sauces, c’est lourd à force

Je testerais bien le premier scénario en one-shot pour voir si cela me plairait de jouer en campagne.

Donjon et Cie (Livre de base), Benoît Felten (2022)

Donjon & Cie est un jeu de rôles de Benoît Felten où l’on incarne les monstres d’un Donjon. Ce donjon est secrètement une entreprise dont le modèle économique consiste à attirer et à dépouiller des aventuriers.

L’auteur du jeu est un ami et j’avais testé une version Béta dans mon club. Cette partie avait été un franc succès. Après la réception de ma souscription, je me suis attelé au premier ouvrage, le livre de base. La lecture de la version béta mais était trop récente pour que je redécouvre le jeu et trop ancienne pour que je puisse pointer les différences.

Parlons donc un peu du jeu : il tient parfaitement sa promesse d’un jeu moderne jouant avec la « tradition » et d’un jeu humoristique qu’on joue sérieusement. Il combine :

  • le goût des vieux donjons en inversant les rôles,
  • une parodie du monde de l’entreprise
  • des mécanismes de jeu à la fois « à l’ancienne » (niveaux, PV…) et modernes (dés d’usure, traits, faveurs).

Je ferai un retour plus complet sur l’ensemble de la gamme. J’ai d’ailleurs attaqué la suite (Secrets Excavés).

Polaris – Crépuscule (Cycle Azure, tome 2), Philippe Tessier (2022)

Crépuscule est un roman de Philippe Tessier dans l’univers du jeu de rôle Polaris. C’est la suite de Point Nemo lu l’été dernier. On reprend une partie des personnages du précédent opus. Ils fuient les services de plusieurs états sous-marins qui cherchent à récupérer l’artefact azuréen qu’ils ont dérobé. Ils parviennent alors à leur échapper et arrivent à une base minière qui a pris de l’ampleur depuis leur dernière visite.

Si j’ai retrouvé avec plaisir les personnages survivants (et même un mort) de Point Nemo, j’ai trouvé l’intrigue moins immersive et enlevée, plus poussive. Une demi-déception donc. Je continuerai à suivre néanmoins la série de romans, cela reste plaisant.

Laurent Le Magnifique, Ivan Cloulas (1997)

Laurent de Médicis dit le Magnifique (1449-1492) est un personnage emblématique de la Renaissance italienne, dirigeant de la cité-état de Florence, homme d’affaires, mécène des arts et de la philosophie et poète lui-même. Mon intérêt pour ce personnage provient à l’origine de la lecture du roman de fantasy « Gagner la Guerre » et du jeu de rôles Shade qui s’inspirent fortement de la Renaissance italienne.

Les cités – états de l’Italie du XVème siècle se distinguent fortement de la société médiévale française de la même époque. Leur fonctionnement très complexe avec différents Conseils, des fonctions tournantes, des institutions qui évoluent et des luttes intestines féroces est vraiment passionnant. Laurent est considéré comme le chef d’état de Florence mais n’en a jamais eu le titre. Il a passé une grande partie de sa vie à consolider son pouvoir en interne, en profitant des crises comme la tentative d’assassinat et de coup d’état à son encontre pour se renforcer. Mais le pouvoir reste fragile et l’un de ses fils sera renversé quelques années après sa mort alors qu’un autre deviendra Pape.

La description du complot dont il a échappé de justesse et a coûté la vie à son frère Julien est vraiment un moment fort de cette biographie. Il mêle les intérêts d’autres princes de l’Italie liés au Pape et d’une famille florentine rivale. Il prévoyait un assassinat en public et une prise par les armes des principales institutions florentines.

Un autre sujet d’étonnement est l’incroyable développement des arts, de la littérature, de la philosophie et aussi de l’ésotérisme dont Florence est un centre. La religion n’est jamais loin : généralement arme politique et de pouvoir, la foi populaire peut revenir en boomerang vers les Puissants.

Le personnage du moine Savonarole est d’ailleurs assez savoureux. Prédicateur illuminé, il impressionne tellement qu’il est invité à Florence par Laurent mais fort du soutien populaire, il n’hésite pas à mordre la main qui le nourrit. Il conduira à la chute de son fils, honnissant la culture hédoniste et intellectuelle représentée par les Médicis. Ce moine n’hésitera pas à faire faire brûler des livres et des instruments de musique sous les vivats de la foule. Il sera exécuté quelques temps plus tard quand le Peuple se sera lassé de ses prédications et de son austérité.

Le récit d’Ivan Cloulas rentre parfois un peu trop dans le détail à mon goût et veut parfois être trop précis ou encyclopédiste. Ce n’est pas néanmoins une somme ou un mémoire universitaire et le livre se lit avec plaisir.

Les chants de Maldoror, Lautréamont (1868)

Je continue à lire de temps en temps des classiques. Je me suis attelé aux fameux chants de Maldoror de Lautréamont. Le livre se présente comme un poème composé de 6 chants autour du récit d’un certain Maldoror, personnage hautement amoral. Si l’histoire du livre au succès posthume et de l’auteur mort très jeune est édifiante, j’ai vraiment détesté la lecture. On pense forcément à Sade pour l’éloge de l’affranchissement des codes moraux. Deux grosses différences avec Sade apparaissent néanmoins. En premier lieu, il n’y a pas pour justifier cette amoralité de mise en avant d’une absence généralisée de moralité chez les êtres humains comme chez Sade (tous pourris !). C’est plutôt la médiocrité des gens normaux qui est soulignée. En second lieu, le style est très différent. Le qualificatif de poème est peut-être un peu usurpé mais on est en tout cas dans une écriture assez lyrique et plutôt agréable à lire. Mais bon, le propos est juste à vomir, même quand on le prend au 20ème degré. Il y a bien quelques moments épiques, je retiens un passage où Maldoror insulte Dieu ou un autre où il fornique avec un requin, qu’il admire parce qu’il s’attaque aux naufragés. Mais il y a surtout une longue justification de l’amoralité et une volonté outrancière de choquer, avec par exemple une description de viol et de meurtre d’un enfant. Pour moi, ce livre est une blague potache d’un adolescent attardé. On peut lui accorder certes le crédit du talent littéraire mais cela ne justifie en rien un propos dont le seul objectif est de provoquer. 

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