Lectures hivernales
Voici un petit retour sur deux suppléments et un jeu lus cet hiver : "Du Sang dans le Chocolat" pour Lamentations of the Flame Princess, "Strata" pour The Spire et le jeu Kemi.
Du Sang dans le chocolat (Supplément pour Lamentations of the Flame Princess)
C’est le dernier scénario pour ce jeu dont je dispose. Il est situé par l’auteur dans un contexte historique : la Frise au XVIIème siècle. Il s’inspire de Charlie et la Chocolaterie, la Chocolaterie devenant un donjon dont personne n’est revenu vivant.
On se demande bien pourquoi avoir placé ce donjon dans un contexte historique précis. De manière générale, c’est peut-être pour surprendre les joueurs entre une introduction de type « espionnage industriel » et le côté fantastique de la chocolaterie. Mais pourquoi alors cette époque où le chocolat n’est pas très répandu et les usines encore moins.
Je vous préviens également, ce n’est pas un scénario pour les enfants : expériences sur les prisonniers, cannibalisme, perversion sexuelle, sacrifices humains, meurtre d’enfants… rien ne nous est épargné.
J’aime avoir des côtés trash dans mes parties mais souvent pour montrer le relativisme culturel ou permettre aux joueurs d’incarner les « méchants ». Mais là, je trouve que c’est assez gratuit, un bon défouloir pour le MJ. Je n’ai pas accroché. Décidément, cette gamme n’est pas pour moi. Je vais tout revendre je pense.
Strata (Supplément pour Spire)
Ce supplément est touffu : il comprend plus de pages que le livre de base. En lisant le sommaire, il apparaît un peu comme un bric-à-brac à l’ancienne. En effet, il y a des améliorations et classes supplémentaires, de nouveaux quartiers, des sectes, quelques règles et des scénarios. Il y a en fait beaucoup de scénarios, 10 au total, et ils constituent le cœur du supplément. Il y en a pour tous les goûts. Certains m’ont donné furieusement envie de les maîtriser, d’autres m’ont laissé de marbre et un ou deux m’ont fait lâcher « c’est quoi cette merde ? ». Mon préféré est « Les Biscuits Indiscrets » dans lequel les personnages doivent travailler dans une boulangerie - pâtisserie qu’adorent les Aelfirs. Il faut la protéger car ses propriétaires fournissent de multiples renseignements au culte et elle commence à attirer l’attention. C’est le dernier endroit où a été vu le capitaine d’une unité d’élite de l’armée, l’un des propriétaires rêve de s’émanciper du culte pour parader dans la haute société et des concurrents sont prêts à tout pour se débarrasser du commerce noyauté par le Culte.
Ce qui est intéressant aussi dans ces scénarios, c’est de bien illustrer la proposition de jeu de Spire. Un canevas type de scénario est proposé dans le livre de base : on peut constater que souvent les enjeux des scénarios sont à plus petite échelle que la prise d’un quartier (pas tous : l’un propose d’accompagner ou de contrecarrer la prise de pouvoir d’une maison noble Drow) et que les conflits moraux sont en revanche bien au cœur du jeu.
Il y a de quoi jouer des années avec ces 10 scénarios. Tous ne sont pas excellents : certaines intrigues de fond ne m’ont pas plu comme le rituel / programme qui utilise le temps de repos des cerveaux et d’autres me paraissent difficilement jouables avec des enjeux qui de mon point de vue intéresseront peu les joueurs (telles les histoires d’expulsion de la Ligne Rouge Sang) ou celui où les personnages doivent diriger un journal m’a paru assez mal introduit et mal présenté. Mais dans la globalité, c’est un très chouette supplément qui propose plein d’angles d’attaque et de matériels pour le jeu.
Ce jeu de rôle propose de vivre des aventures dans l’Egypte Antique. Comme l’antique « La Vallée des Rois », il propose de jouer pendant la XVIIIème dynastie (~1500 avant JC) avant l’épisode de Toutankhamon. Je l’ai acheté en vue d’une convention dont le thème est l’Egypte et parce qu’il est très bon marché.
Kemi a un format A5 qui me semble plus proche de l’impression à la demande que de l’imprimerie traditionnelle. Les illustrations sont composées d’images libres de droit et de dessins lignes claires en N&B. L’ouvrage est décomposé en 3 parties : une présentation du contexte (histoire, géographie, société), les règles du jeu (très simples) et d’un gros scénario.
J’ai trouvé la présentation de l’Egypte ancienne extrêmement bien faite : synthétique mais apportant les éléments qui sont nécessaires pour un meneur pour retranscrire une ambiance et inspirer ses scénarios. Il est à noter que l’auteur a choisi d’égyptianiser tous les noms de personnes et de lieux que les amateurs d’égyptologie connaissent mieux sous leur dénomination grecque. Je trouve que cela renforce l’ambiance, cela m’a toujours paru bizarre de parler d’Héliopolis alors qu’à l’époque les grecs étaient une vague peuplade barbare de l’autre côté de la mer.
Les règles sont simplissimes : 8 domaines notés de 0 à 5, on ajoute un D6 et il faut battre la difficulté de l’action ou le jet de l’adversaire. Cela tient sur quelques pages. Les points de destin sont bien sûr les points de Maat, ils permettent d’ajouter 1D6 au tirage. Il est à noter que le jeu ne comprend pas de règles de création de personnage.
Le scénario propose des personnages prétirés qui sont au service d’un mécène. Ils vont devoir résoudre une enquête criminelle étrange. Sans être révolutionnaire, je trouve que le scénario est bien rythmé et exploite le contexte égyptien avec bonheur.
J’ai vraiment apprécié la présentation du contexte de jeu et l’égyptianisation de tous les noms propres. Le scénario n’est pas mal et les règles ont le mérite de la simplicité. Il me manque quelque chose néanmoins pour que ce soit inspirant, que j’ai envie de le faire jouer : des illustrations tip-top, un angle de jeu plus fun ou plus bizarre, des personnages avec des idiosyncrasies plus fortes… Je vais relire La Vallée des Rois pour faire un petit comparatif.