Lectures de fin d'année
Voici un petit retour sur mes lectures de fin d’année. Il y a bien sûr du jeu de rôle avec le supplément Félons pour Les Oubliés, Rouge Delaware, un cadre de campagne pour Cthulhu Hack, et la 2ème édition de Wastburg. Il y aussi un roman de Philip K.Dick nommé Simulacres et de la Bédé.
Félons est un supplément pour le jeu Les Oubliés dont je parle souvent dans ces pages. Il a été financé via un financement participatif. C’est un peu un compagnon à l’ancienne, un fourre-tout avec des scénarios, des règles supplémentaires et des éléments de contexte.
Côté règles, on a un petit ajout pour rendre les combats plus mortels (c’est sur une page et cela ne changera peu le fait que les combats sont beaucoup trop longs dans ce jeu), des règles pour des bottes secrètes et plein de nouveaux sorts avec une nouvelle forme de magie. Tout ça, c’est bien gentil, mais ce n’est pas passionnant pour un quelqu'un de revêche aux règles comme moi.
Le supplément débute par deux gros scénarios. Ils ont apparemment été publiés ailleurs par le passé mais ils ont été retravaillés et augmentés pour cette version. Le premier, « Nuit de Noces », est assez étrange car les Oubliés trouvent un moyen de visiter Triklir en songe mais ce n’est pas le sujet principal du scénario. Il s’agit d’une union entre deux familles pataches que certains ont décidé de faire capoter à tout prix. Le scénario est bien amer, il doit être sympa à jouer mais personnellement, je l’ai trouvé un peu bancal dans son déroulement et dans les motivations des parties prenantes.
J’ai largement préféré le second, « Une Prière Avant de Dormir ». Il s’agit pour les Oubliés d’empêcher la fin d’une colonie prospère du Petit Peuple, Redenlorn. Une machination de Parjures sur les Géants dont la colonie occupe la maison est à l’origine de la menace mais la division et la cupidité de certains dirigeants de la colonie seront leur principale opposition. J’ai vraiment apprécié ce scénario qui oblige les Oubliés à s’intéresser aux Géants autrement qu’en tant que fournisseur de fils de songe et de cauchemar.
A boire et à manger dans ce supplément, il est loin d’être indispensable mais il fournit deux gros scénarios et des sorts supplémentaires qui amènent un peu de variété dans la magie.
Rouge Delaware est un supplément de Benoît Attinost pour le jeu Cthulhu Hack édité par les XII Singes. Il présente un cadre de campagne contemporain où les joueurs incarnent des policiers dans les villes de Philadelphie et Camden. L’univers est légèrement dystopique ; les deux villes n’ont en commun avec leurs homologues de la vraie vie que le nom et la géographie. La rivière Delaware les sépare et marque aussi une frontière entre états. Philadelphie est surnommée dans Rouge Delaware « East Vegas », une ville dominée par les casinos et la pègre qui les dirige. Camden, sur l’autre rive, est une ville quasiment à l’abandon où des gangs s’affrontent à longueur de temps au milieu d’une population pauvre livrée à elle-même. Des terroristes ont fait sauter une partie de Philadelphie et depuis un brouillard poisseux qui affole les engins de mesure apparaît périodiquement dans les deux villes. Les personnages appartiennent au service des Liaisons, un corps de police transfrontalier qui s’occupe d’affaires qui concernent les deux juridictions. Ils sont unanimement détestés par leurs collègues de Philadelphie et de Camden.
L’ouvrage comprend une présentation du contexte et de ses secrets surnaturels puis enchaînent sur deux gros scénarios : Phily Cheesy Steak et Dark Skies. Il se conclue par des ébauches de scénarios à développer par le meneur de jeu. Il existe deux suppléments au supplément (Affaires Connexes et Le Sixième Sceau) mais je ne les ai ni achetés ni lus.
J’ai reçu Rouge Delaware comme lot à une convention et il traînait dans ma PAL depuis un bon moment. Je dois dire que c’est une bonne surprise. Il combine un certain classicisme (on reste dans des créatures lovecraftiennes) et un cadre de jeu vraiment intéressant dans ses secrets, ses factions en place et son évolutivité. Les scénarios sont agréables à lire et proposent des enquêtes qui lèvent le voile sur certains aspects du jeu sans entrer dans le cœur des secrets. J’ai une grosse préférence pour le premier et sa société de nettoyage des scènes de crime.
S’il faut nuancer, je ferai deux critiques. La première est que l’ambiance est vraiment très noire : entre la corruption omniprésente, la société en plein effondrement et l’appartenance à un service détesté de tous, il faut vraiment apprécier les ambiances glauques et ténébreuses. En tant que joueur, cela m’embêterait foncièrement. La seconde est que les personnages des joueurs ne sont vraiment pas le centre de l’attention du supplément : la raison pour laquelle ils ont rejoint les « liaisons », leurs antécédents, leurs rapports aux factions, … presque rien n’est proposé pour intégrer les PJs à la campagne et leur donner de la substance.
Alors que je m’étais persuadé de l’inutilité de le faire, une promo cet été m’a fait changer d’avis : j’ai acheté des ouvrages de la 2ème édition de Wastburg. J’ai commencé par lire le Livre de base. Le livre A5 est plus beau et mieux illustré que la 1ère édition (une pochette avec 3 livrets A5), la qualité est montée d’un cran. Côté nouveautés, on trouvera des petites modifications de règles dans la gestion des aubaines, la possibilité de jouer des malfrats, des descriptions de quartiers plus joufflues et 3 scénarios (dont un paru dans Casus). J’ai juste parcouru les scénarios, ils ne m’ont pas marqué plus que ça mais je les lirai avec plus d’attention ultérieurement.
Cette édition est bien meilleure que la 1ère, néanmoins son achat pour les possesseurs de la 1ère édition ne me semble pas indispensable du tout. La description plus complète des quartiers a pour revers de plus figer Wastburg et donc de rendre la ville moins malléable pour les propres créations de chaque MJ. Le jeu est une pépite avec son système tout léger et son univers qui flirte entre comique et glauque. Je le conseille fortement à ceux qui ne le connaissent pas.
Ca fait longtemps que j’avais envie de lire du Philip K.Dick. J’avais lu deux romans dans l’enfance qui m’avaient beaucoup marqué et j’aime en général les films et séries inspirés de son œuvre (Blade Runner, le Maître du Haut Château et même Total Recall). Je suis tombé sur plusieurs romans chez un bouquiniste pour quelques euros et Simulacres est mon premier essai. Le roman n’est pas le plus connu et ce n’est pas le meilleur. Dans un futur dystopique, les Etats-Unis et l’Allemagne ont fusionné et la nation est dirigée par une matriarche, Nicole, qui occupe tout l’espace télévisuel et qu’il faut distraire. La société est divisée en ceux qui savent et ceux qui ne savent pas mais elle est oppressive pour tous. On retrouve tout un tas de thèmes habituels de Philip K.Dick : le rapport à la vérité, le nazisme, l’impossibilité d’échapper à la société, le divertissement, le voyage dans le temps… Il y a un certain nombre d’aspects comiques : les publicités qui vous suivent jusque dans votre domicile, l’entretien entre Nicole et Goering, le mercantilisme des vendeurs de fusées d’occasion… Néanmoins, la sauce ne prend pas bien, je ne parviens à aucun moment à croire à ce futur et à cette société. C’est peut être aussi parce que le récit suit de nombreux personnages et on ne s’attache à aucun. C’est une lecture plaisante mais le livre n’est pas très réussi à mon sens.
Gros consommateur de BD dans mon enfance et mon adolescence, j’ai délaissé cette passion au profil du jeu de rôle depuis les années 90. Je suis resté un lecteur occasionnel avec quelques découvertes parmi les œuvres les plus médiatiques, je me suis essayé au manga sans en apprécier beaucoup certaines caractéristiques (des intrigues à rallonge, les combats omniprésents, les attitudes et expressions typiques des personnages…) mais dans l’ensemble je suis assez largué sur la production des 30 dernières années. Ayant décidé de me remettre à en lire, je me suis abonné à quelques chaînes Youtube mais la profusion de sorties rend difficile le choix. Comme un bon petit vieux, je me suis rabattu sur la relecture et la complétion de vieilles séries que j’avais aimées, en l’occurrence Jérôme K.Jérôme Bloche, le détective privé gauche et mal sorti de l’enfance, et 421, un avatar de James Bond. J’ai lu 21 tomes de la première (j’adore toujours autant) et 9 de la suivante (c’est sympa mais assez inégal dans le ton et la qualité, les tous premiers tomes sont assez maladroits et clichés, avec un humour qui ne fait plus rire). J’ai aussi lu quelques trucs conseillés par des joueurs ou glanés en bouquinerie : le manga Frieren (ça démarre très bien !), un tome de Jojo et les deux premiers tomes de La légende du Changeling (parce que Pierre Dubois en est l’auteur mais pas emballé).