J'ai lu NOC

Présentation

NOC est un jeu de rôle de l’éditeur Sethmes qui propose un univers de science-fiction oppressant. Dans notre avenir, un objet artificiel s’est dirigé vers la Terre et l’a complètement englobée. Les humains ont essayé de combattre l’artefact mais le combat s’est révélé sans issue et l’électricité s’est arrêtée de fonctionner partout sur Terre. Des faisceaux issus de l’artefact ont permis la survie de la vie animale et végétale et le regroupement des survivants humains dans des cités appelées blocs.

Certaines personnes disparues dans l’artefact sont réapparues et d’autres en reçurent des messages. Ces messagers rapportèrent que l’artefact ou objet-dieu était là pour protéger l’humanité de ce qui se déchaînait dans l’espace. Il fallait donc le servir et se conformer à la Voie et à l’Administration. Une nouvelle société façonnée par le Travail et l’Obéissance se mit en place dans les blocs. L’inconformité est désormais sévèrement punie.

Le livre de base s’étend sur la structuration de la société avec différentes administrations qui dirigent chaque bloc dans leur domaine. Chaque administration est décrite avec un luxe de détail et de textes d’ambiance. Chacun des blocs est organisé de façon similaire aussi bien en termes de structure sociale que d’organisation géographique. Le jeu s’attarde néanmoins à présenter pour chaque administration sa déclinaison dans le bloc d’Olomoc (en Tchéquie actuelle).

Les terres entre les blocs sont soumises à d’étranges phénomènes, parcourues par des créatures agressives semblant venir de l’artefact et entièrement retournés à la vie sauvage. Leur nature est brièvement présentée.    

Vient ensuite une description des secrets de l’univers, avec notamment une explication de la nature de l’Objet-Dieu, de la raison de l’absence d’électricité sur Terre, des phénomènes entourant l’artefact et de la place des personnages dans le métaplot. Le jeu dévoile également les grandes lignes de la campagne et propose un cadre de départ appelé « Configuration ».

Enfin le système incluant la création de personnages occupe une petite partie du livre de base. Aucun scénario n’est proposé.

Thèmes

L’univers mêle donc fantastique et société kafkaïenne et totalitaire. On pense à Philip K.Dick ou en jeu de rôles à Rétrofutur. A première vue, on pense donc que le jeu propose l’expérience de l’absurde dans une société folle, régie par des règles aberrantes et cherchant à réguler même les pensées. Mais en fait, ce n’est que le cadre. La proposition de jeu réside dans ses secrets, leur découverte et leur dénouement. La carte fantastique n’est donc pas un prétexte mais le cœur du jeu. Le cadre oppressant néanmoins s’impose au style du jeu : il nécessite prudence, paranoïa et dissimulation de la part des personnages des joueurs. 

Que joue t’on ? Quels personnages ?

Les personnages apparaissent comme des gens lambdas de l’univers et les archétypes correspondent à des métiers traditionnels. Mais ce qui les différencie des autres sont leur exposition à des phénomènes étranges et surtout leur destinée. L’optique des personnages est définie dans une « configuration ». Celle qui est proposée est leur appartenance à une société secrète cherchant des informations sur l’objet-dieu et les secrets des administrations.

Le système

NOC n’a pas de dichotomie entre caractéristique et compétences. Les capacités et connaissances des personnages sont synthétisées dans 28 talents. Ils sont évalués sur une échelle qui indique la maîtrise : 2 étant un niveau professionnel. Si le personnage a le niveau, il réussit l’action. Sinon, il peut tenter tout de même mais il doit jeter les dés à ses risques et périls (augmentation d’une jauge de péril appelée Fiel). Il lance autant de D10 que le score de son talent, chaque dé faisant 8, 9 ou 10 augmente de 1 le niveau de son talent. Le système prévoit que le personnage puisse atteindre des niveaux qui lui permettent des actions totalement extraordinaires. Le personnage dispose de jauges qui mesurent la dégradation de son état comme sa santé ou son exposition à l’Administration. Le système reste donc assez léger et réduit le nombre de jets de dés.

Mon avis

J’ai vraiment beaucoup apprécié l’univers du jeu aussi bien dans son côté oppressif que dans son côté fantastique. La promesse de la campagne a l’air alléchante, peut-être un poil trop super-héroïque à terme pour moi, mais les personnages paraissent voués à être au centre de l’histoire. Je trouve également les thèmes intéressants à explorer : l’Homme face à l’absurde et au totalitarisme, la découverte des secrets derrière le mensonge… Il est nécessaire je pense que vos joueurs aient aussi envie de se frotter à ces deux thèmes.

J’ai trouvé bizarre que le livre de base s’attache à présenter le bloc d’Olomoc en long, en large et en travers puis que la « configuration » proposée soit centrée sur Prague. Il y aura peut-être une explication avec le reste de la gamme.

Côté système, j’apprécie sa relative légèreté et que sa place soit limitée dans le livre de base. Néanmoins, j’ai trouvé qu’il y avait un poil trop de talents. Le risque est d’avoir des personnages trop spécialisés avec des trous dans la raquette.

Une autre réserve que j’ai à la lecture concerne les personnages. Ils se différencient essentiellement par leurs talents et leur archétype. Est-ce suffisant ? Le jeu ne propose pas de guide ou de système pour esquisser leur historique ou leurs liens.

Au global, NOC est un jeu avec un thème puissant, un système léger qui se veut économe en jets de dés et une ambiance bien particulière. C’est aussi un jeu à secrets, je dirai même centré sur les secrets de son univers. Il vous faudra des joueurs qui apprécient cette ambiance totalitaire et oppressante et qui veulent entreprendre cette quête.

La suite

J’ai acquis un lot avec des suppléments que je n’ai pas encore lus quand j’écris ces lignes. Je vais probablement commencer par le kit de découverte, à la fois pour pouvoir jouer rapidement et pour découvrir un scénario type.