J'ai lu : Polaris de Ben Lehman

Publié le par Arii Stef

Je vous parlerai de ma dernière lecture JDR en date, il s’agit de Polaris, Tragédie Chevaleresque au Septentrion, de Ben Lehman, à ne pas confondre avec le jeu sous-marin français.

Polaris est un jeu mythique, l’un des jeux emblématiques du mouvement « narrativiste » des années 2000 et de la « Forge », comme un autre jeu bien connu, Dogs in the Vineyard. J’avais beaucoup entendu parler de Polaris mais, bien que curieux des jeux « novateurs », je n’avais jamais fait le pas de l’acquérir ou de le lire. Il faut dire aussi que ma curiosité n’avait pas totalement occulté ma méfiance des dithyrambes et des jeux sans Maître de Jeu. Il vient d’être traduit en français chez « 500 nuances de geek » et j’ai soutenu le financement participatif organisé par cet éditeur.

J’ai donc reçu un petit ouvrage de 95 pages format A5. Au passage, je l’ai reçu deux mois après sa disponibilité en boutique et cela m’a vraiment gonflé. Le livre comprend quelques illustrations inspirantes et la mise en page est élégante. J’aime bien l’objet, il promet une certaine concision et son corollaire, une lecture rapide.

Le jeu se déroule dans un passé lointain. La cité de Polaris située au septentrion du monde était plongée dans une nuit éternelle. A la lumière des étoiles, elle avait développé la civilisation la plus brillante et raffinée qui soit. Mais l’aube magnifique est venue puis le terrible astre du jour a ouvert la voie à la Méprise et à ses démons. Ils attaquent depuis lors sans relâche la cité, défendue par l’ordre des chevaliers stellaires. Les personnages sont des chevaliers qui appartiennent à cet ordre et qui vont connaître un tragique destin. Le monde est plus évoqué que décrit, ne vous attendez pas à des grandes descriptions ou à un univers précis et détaillé : des grandes lignes, des noms évocateurs, des couleurs, des légendes, et c’est tout, c’est à chaque groupe de constituer son propre Polaris.

La véritable originalité du jeu tient bien sûr dans son système : pas de MJ, pas de scénario, une fin inéluctable mais des jets de dé néanmoins. Le jeu se joue à quatre joueurs. Chaque joueur dispose d’un personnage qu’il interprète comme personnage principal à tour de rôle. Quand un joueur interprète son personnage, il est le Cœur. Le joueur placé en face du cœur est le Mépris, il interprète les ennemis du personnage. Les deux autres joueurs sont les lunes, ils interprètent les autre PNJs : les amis et connaissances du personnage pour l’un, les personnages divers et variés pour l’autre. Quand une scène est terminée, le Cœur change et un autre personnage devient le personnage principal.

Ce sont le Cœur et le Mépris qui mènent le récit. Le dialogue est ponctué de locutions type (exemples : « Mais seulement si… », « et en outre… » ou « advienne que pourra ») qui structure la narration. Quand les joueurs arrivent à un désaccord sur ce qui arrive, la phrase rituelle « il n’en sera rien » est prononcée et on sort le dé. C’est le cœur qui lance le dé et le jet doit être inférieur ou égale à la caractéristique appropriée de son personnage.

Le personnage dispose de quatre caractéristiques : La Glace qui est testée pour tout ce qui en rapport aux autres, la Lumière qui quantifie la force et la bravoure du chevalier puis le couple Zèle / Lassitude qui offre des bonus ou des malus quand les traits (appelés thèmes) du personnage peuvent entrer en jeu. La glace et la lumière démarrent à 1 et augmentent avec l’expérience ; à chaque fois que l’une de ces deux valeurs augmentent, le zèle qui commence à 4 diminue. Il se transforme en lassitude quand il arrive à 0. Si le personnage parvient à 5 en lassitude, il devient un démon.

L’objectif des joueurs est de construire une belle histoire qui se terminera si on joue en campagne au mieux par la mort des chevaliers au pire en leur corruption.

A la lecture du jeu, je suis vraiment très enthousiaste, j’ai envie de jouer dès que l’occasion se présente. Le thème ne me tentait pas plus que ça : j’avais un à priori peu favorable sur le setting mais finalement je suis assez séduit par cette histoire de civilisation décadente qui refuse presque de croire qu’elle est attaquée par des démons. J’adore l’ambiance qui s’en dégage et le fait que l’univers ne soit qu’esquissé. Ensuite, le système de jeu me donne une furieuse envie d’essayer. La possibilité de changer de « rôle » à chaque « tour » me titille vraiment. Reste à trouver des joueurs puis à rédiger un "j'ai testé pour vous" !

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