J'ai testé pour vous : Insectopia
Dans mon club de Blagnac, je participe à une table mensuelle destinée à tester des jeux. Le MJ change chaque mois. J'ai pu en décembre 2017 tester comme joueur Insectopia. En voici un petit ressenti.
L’univers
Le principe d’Insectopia est de jouer des intres, insectes intelligents, dans un monde post – apocalyptique, l’humanité s’étant elle-même annihilée dans un passé lointain. Le monde est composé de différents royaumes, chacun dominé par une race d’intres. Il est structuré autour d’une opposition entre animistes fervent du culte ancestral d’Onono et une nouvelle religion vénérant les Titans (les êtres humains).

+ le pitch est original. Jouer à l’échelle (comme dans Légendes de la Garde) apporte une ambiance spéciale, les capacités des insectes aussi (Exemple : sentir les phéromones),
+ le Monde semble riche : de vraies oppositions, une histoire, des problématiques… Même sur un one-shot, on sent que le monde a du potentiel, qu’il y a de quoi bâtir des intrigues.
- Ça m’a gonflé les noms des races d’insectes : ce ne sont pas des termites mais des termides, ce ne sont pas des libellules mais des lules. Il y en a beaucoup et toutes ne sont pas évidentes. Je comprends la raison qui a présidé au choix de ne pas garder le nom original : il s’agit d’évolutions de l’insecte original, mais cela complexifie la prise en main par les joueurs pour très peu de plus-value.
- Mais pourquoi donc avoir mis de la Magie dans ce monde. Quel est l’intérêt ?
Le système
A Insectopia, on ne jette pas de dés, on ne tire pas de cartes, on pioche des pions colorés (appelés blattes), les pions vont du rouge qui indique un succès critique au noir qui indique un échec critique. Le score « compétences – difficulté » indique le nombre de blattes tirées. Si le score « compétences – difficulté » est positif, c’est le joueur qui choisit le pion conservé, s’il est négatif, c’est le MJ.
+ le système de résolution est relativement simple et efficace
- Je n’ai pas tout pigé sur la feuille de personnage : il y a t’il un lien entre les caractéristiques (sont-ce des caractéristiques) et des compétences ? Quand utiliser une compétence plutôt qu’une autre (Antenne ou Phéromone ?) ? Ce n’est pas très grave pour une première partie… J’ai trouvé cependant qu’il y avait un poil trop de compétences
- Je me pose une question sur la granularité du système et la trop grande importance de la difficulté. Dès qu’on passe en négatif, l’action devient quasiment impossible.

Le scénario
Le scénario est celui du kit d’introduction si je me souviens bien. Nos intres appartiennent à la confrérie des fils d’Onono, une confrérie animiste qui favorise la paix et enquête sur des affaires sensibles. Comme je n’ai pas fini la partie, difficile de réellement juger la qualité de l’intrigue et du final, mais je vais essayer d’en juger le pitch et l’ambiance.
+ L’ambiance : J’ai bien aimé l’ambiance délétère de suspicion de la cité des Lules. Il semblait y avoir plusieurs pistes scénaristiques, ça démarrait bien…
+ Pitch : j’ai bien aimé que nous endossions un rôle et que nous ne soyons pas un simple groupe d’aventuriers.
- J’ai trouvé que notre rôle, attribution ou fonction en tant que Fils d’Onono n’était pas très clair : étions de simples diplomates, avons-nous du prestige ou non, que pouvons-nous raisonnablement dire, faire, exiger ?
Conclusion
J’avais peur que de jouer des insectes ne soit qu’un prétexte et que les intres soient extrêmement humanisés. A la lumière de cette partie écourtée, cette appréhension ne s’est pas révélée totalement vraie : on est dans un entre deux, certains côtés sont très « humains » et d’autres nous remettent bien sur le fait que nous incarnons des insectes. Sommes-nous dans du furry où jouer un insecte est un prétexte pour donner quelques capacités spéciales bien bizarres et dans « vis ma vie d’insecte » ? Cet entre-deux est bien naturel au demeurant mais induit plein de questions qui je trouve n’ont pas trouvé réellement de réponses dans la partie. Cela rend délicat le fait de jouer son personnage et de croire au monde. Quelques exemples : comment suis-je sensé me comporter dans toute une série de relations sociales, les races ont-elles des relations sexuelles entre elles (logiquement non mais il y avait un personnage de courtisane qui jouait sur la séduction), la ville est sur un cours d’eau ce qui facilite la communication mais que peuvent bien avoir à faire des êtres volants d’un cours d’eau, la coccinelle est alitée mais que peu bien faire une coccinelle d’un lit, … J’ai trouvé vraiment compliqué de trouver le bon équilibre entre l’homme et l’insecte et de ne pas m’amuser à percevoir des incohérences potentielles.
Il ne faut pas se tromper, j’ai tendance à m’apesantir sur ce qui m’a gêné dans la partie, mais cette dernière fut agréable et le jeu me semble vraiment être une bonne surprise. C’est détaillé, bien foutu et ça tourne. Le livre a l’air joli. L’univers a l’air sympa et profond.
Voici le retour d'un autre joueur de la table.