J'ai lu : la Roue du Temps
Je suis passé à côté de plein de classiques de la Fantasy par manque d’intérêt, de temps ou de curiosité. Alors périodiquement, je me décide à m'attaquer à l’un de ces grands noms. Il y a quelques années, je m’étais lancé dans le tome 1 de l’Assassin Royal. J’avais adoré et lu tout le premier cycle de Robin Hobb. Donc, j’ai profité de la sortie récente d’une compilation de la Roue du Temps chez Bragelonne pour me lancer dans la lecture de ce pavé, espérant y trouver le même intérêt que pour l’Assassin Royal. Le Tome 1 « L’œil du Monde » regroupe les 4 premiers romans du cycle de Robert Jordan. Pour situer, ces romans datent du début des années 90 et le cycle compte de nombreux romans, cela peut être le début d’une grande aventure. L’univers a même été décliné en jeu de rôle, alors c’est qu’il doit être riche et passionnant !
Pour résumer l’intrigue de « L’œil du Monde », les personnages principaux sont 3 garçons qui vivent paisiblement dans le trou du cul du monde où il ne se passe jamais rien. Ils se retrouvent pourchassés par des trollocs (une sorte de mélange d’orques ou de broos) et des sans-visage (contrefaçon d’humains), serviteurs de l’Ennemi. L’un de nos trois paysans auraient un destin spécial lié à son héritage. Ils sont guidés par une femme appartenant à une confrérie sulfureuse, les aes sedai, qui souhaite les mettre sous la protection de son ordre en sa lointaine citadelle. Ils sont accompagnés par un barde aux troubles motivations, une soigneuse du village des ploucs et la fille de l’aubergiste dont l’un des trois garçons est amoureux. Il va falloir pour cela traverser la moitié du monde et à la fin de ce tome, le groupe a à peine quitté leur bled.
Je vais commencer par ce que j’ai aimé dans ce recueil. Je trouve que c’est bien écrit ou en tout cas bien traduit. Le style est fluide sans être simplet. C’est plaisant à lire et on s’attache aux destins des personnages. Ils se révèlent un peu plus complexes qu’ils semblaient au départ et les personnages féminins sont forts. On découvre que le garçon destiné à être forgeron et considéré par ses camarades comme lent d’esprit a des rêves de leadership et est plutôt réfléchi. Le joyeux drille pas avare de blagues se révèle torturé et capable d’être taciturne. Cette évolution et cette complexité des personnages se dévoilent peu à peu pour chacun des autres personnages et c’est je trouve un point fort de l’intrigue.
J’ai néanmoins de nombreux reproches à faire au roman. Le premier reproche est le nombre hallucinant de lieux communs de la Fantasy qui nous sont servis par Robert Jordan. Il y a tellement de parallèle avec le Seigneur des Anneaux que c’en est gênant. Les héros ne sont pas hobbits mais nos trois campagnards ressemblent tant à Frodon, Sam et une synthèse de Merry et Pippin. Leur fuite ressemble également beaucoup à la fuite des héros du Seigneur des Anneaux devant les Nazgûls, sans compter que leur contrée évoque irrémédiablement la Comté ! Il y a un grand méchant qui est très méchant, des grandes villes avec des auberges bondées, le besoin d’être discret lors de leur voyage, … Il y a bien sûr quelques originalités comme l’ordre de femmes ayant mauvaise réputation, le côté cyclique des périodes (la fameuse roue du temps), ou le fait qu’on ne sait pas lequel des trois jeunes est réellement au cœur de la prophétie, mais au final c’est confondant de classicisme. Pire encore, mais c’est très personnel, je trouve que tout l’univers sonne faux, je ne parviens pas à y croire et à me sentir concerné par le destin de ce monde et des personnages. Univers de carton-pâte donc mais aussi intrigue de carton-pâte : on se désintéresse rapidement des péripéties de la fuite et on ne comprend pas pourquoi les héros choisissent de faire ci ou ça. Ca avance lentement et sans beaucoup de cohérence (en tout cas de ma perception).
Vous l’aurez compris, malgré les qualités d’écriture et des personnages attachants, je suis assez déçu par le début de ce cycle et en ce qui me concerne la lecture s’arrêtera à ce premier opus.
