J'ai lu : L'harmonie du fiel de Sacha Derien
L’harmonie du fiel est un roman policier publié en auto-édition. Il s’agit du quatrième roman de Sacha Derien, le nom de plume d'un ami. On y retrouve comme personnage principal le Commissaire Dunaud qui tenait également la vedette dans les deux romans précédents « L'appel du Chien Fantôme » et « Le Revers de la Médaille ».

Notre commissaire de Montmartre et son équipe se retrouvent cette fois confrontés à un Corps Non Identifié retrouvé dans une gare de triage dans la petite couronne ferroviaire. Si l’endroit n’a pas vu de train depuis plus de 50 ans, elle était occupée il y a quelques jours par un camp de migrants, évacué depuis. Les rats ont dévoré une bonne partie du corps et notamment les parties servant à l’identification : visage, doigts, …
Cette enquête va les emmener à croiser la route des « zozors » (ex-RG), des services secrets chinois et russes et surtout d’une incroyable invention. Il s’agirait d’un virus informatique bombardant une cible de suggestions subliminales l’amenant au crime ou au suicide via les outils numériques. Cet outil existe-t-il vraiment ? Est-ce un leurre pour divers services discrets ? Peut-on vraiment lui relier des meurtres et suicides aux motivations difficilement explicables ?
J’ai retrouvé avec plaisir le cadre du commissariat de Montmartre et j’ai suivi avec appétit les personnages de la brigade, leurs relations, leurs difficultés et leurs pensées. Ce nouvel opus approfondit les caractères des différents personnages et leurs défauts respectifs continuent à leur jouer des tours.
J’ai également retrouvé avec plaisir le style de l’auteur qui mélange avec bonheur langue soutenue, argot et jeux de mots. A chaque épisode, cette savoureuse chakchouka est agrémentée d’une épice exotique : c’était le Chtimi dans « le Revers de la Médaille ». Dans « l’Harmonie du Fiel », il s’agit du « langage des jeunes » qui est introduit dans les dialogues. L’alternance des styles de langues m’a semblé être fluide et ne pas gêner la compréhension.
Le rythme du récit est soutenu. Les fils de l’intrigue s’entrecroisent. On sait qu’ils vont se rejoindre à un moment et on s’amuse à tenter de deviner à quel moment et comment, et jamais on ne s’ennuie.
Sur les thèmes du livre, certains pourraient être gênés par le côté fantastique de l’horrible invention. L’utilisation d’invention révolutionnaire de manipulation du subconscient, c’est assez casse-gueule comme sujet. Il y a un risque de sortir de la fiction du fait que la suspension d’incrédulité ne fonctionne plus. J’ai trouvé que l’auteur s’en sortait bien, notamment en maintenant le doute jusqu’au bout et en jouant sur l’incrédulité des protagonistes. On n'échappe pas néanmoins à un côté moralisateur quant à l’utilisation H24 des outils numériques.
Pour conclure, j’espère que mon amitié pour l’auteur ne biaise pas trop ma perception mais j’ai beaucoup aimé ce roman. Ce fut un vrai plaisir de lecture, plaisir de retrouver les personnages du commissariat et de les voir évoluer et plaisir du style qui s’affine à chaque nouveau roman. J’attends le prochain avec impatience !