J’ai lu : Criticorum discord (Fading Suns)

Cela faisait longtemps que je cherchais ce supplément. Je n’avais pas trop suivi cette nouvelle édition de Fasa, j’avais bien remarqué ce supplément mais comme il était très cher, j’avais décidé d’attendre. L’attente n’est pas bonne conseillère, le jeu ayant changé d’éditeur, Criticorum Discord est devenu difficile à trouver.

Alors pourquoi s’intéresser particulièrement à ce supplément ? J’aime bien suivre les gammes certes mais je ne suis pas un collectionneur fou. Néanmoins, les scénarios et encore plus les campagnes sont rares pour ce jeu et donc j’étais intéressé par mettre la main dessus. Mais surtout, cette campagne se déroule à Criticorum, la planète que j’avais choisie comme point de départ de ma campagne maison de Fading Suns. J’étais donc curieux de voir comme des auteurs officiels avaient exploité la présentation de la planète fournie dans l’atlas des fiefs al-Malik.

Criticorum est dans le jeu le nid de toutes les intrigues et les coups tordus de l’univers, un monde très avancé technologiquement, gardant de nombreux aspects de la seconde république. C’est le système connecté au plus grand nombre de planètes dans le réseau stellaire. La Ligue Marchande y est puissante. Toutes les guerres ont eu pour théâtre direct ou indirect Criticorum, notamment la guerre contre les Ur-Ukar et la récente guerre pour le trône impérial.

J’ai fini par le trouver d’occasion sur Casus NO. A la réception, son format fut une première déception. Un format A5 assez épais (alors que le reste de la gamme a un format traditionnel). Pire les illustrations sont vraiment horribles. Je ne suis généralement pas très difficile mais là, c’est vraiment pitoyable. Seule les cartes de villes sont plutôt sympathiques. Bon, passons, je suis plus intéressé par le contenu.

Le supplément se compose d’une campagne en trois scénarios suivie d’une cinquantaine de page de contenu sur Criticorum : son histoire, la présentation d’Achaeon (la capitale) puis d’Ost (une ville de la Ligue). Deuxième déception, ce n’est pas vraiment une campagne mais trois scénarios vaguement reliés que propose Criticorum Discord. Les deux premiers scénarios sont vraiment quelconques. Dans le premier, le vaisseau spatial qui emmène les héros est pris en otage par des sympathisants d’un mouvement de libération des xénomorphes. Le deuxième est une course poursuite à travers le sous-continent de Salamandra pour attraper un dangereux terroriste ur-ukar. Bon, ça passe mais franchement je n’ai pas besoin de débourser mon précieux oseille pour disposer de scénarios assez banaux !

Le troisième scénario en revanche est un petit bijou, un scénario comme je les adore. On dirait un village de Dogs in the Vineyard. Il n’y a pas de bonnes solutions. Tous les protagonistes ont de bonnes raisons de faire ce qu’ils font, moralement défendables de leur point de vue.  Les personnages des joueurs feront à coup sûr pencher la balance.

Un baron de la famille juandaastas décédé récemment avait épousé une ur-obun comme cela est bien vu dans cette famille noble. Cette dernière devenue baronne en titre fait appel aux personnages pour retrouver son médecin, un membre de la guilde des Ingénieurs qui a mystérieusement disparu dans la baronnie.

Ce médecin était en fait mandaté par l’ancien baron pour exploiter un laboratoire secret de la seconde république retrouvé sur la baronnie. Ce labo contenait notamment une technologie permettant d’obtenir des hybrides d’humains et d’ur-obun, deux races qui ne sont pas interfertiles. Le baron essaya la technologie sur son épouse lui cachant la dangerosité de l’opération. La baronne finit par découvrir ce fait et décida de se débarrasser du baron avec l’aide de l’une de ses concubines qu’il avait également trompé. Elles le vendirent à des Recruteurs et il doit maintenant travailler dans une mine dans une planète éloignée. Elles le firent ensuite passer pour mort. L’ingénieur continua à travailler pour la baronne pour veiller à la fin de sa grossesse. C’était sans compter sur la venue d’un inquisiteur avestite qui est en fait le frère cadet de l’ancien baron. Ce dernier éconduit au palais a mené sa petite enquête et trouvé le laboratoire impie. Des paysans du coin pris de ferveur religieuse l’ont élevé comme leur chef et ont enlevé l’ingénieur.

On se retrouve dans une situation inextricable où les personnages vont se retrouver entre deux parties que tout oppose. D’une part, on a de sympathiques nobles dont une xénomorphe en grande détresse (elle va mourir si l’ingénieur n’est pas retrouvé) mais elles cachent un terrible crime. D’autre part, on a des connards intolérants mais qui sont dans la morale de Fading Suns dans leur bon droit. Les personnages choisiront-ils un camp ou essaieront-ils de trouver un compromis ? La résolution est très ouverte.

Le scénario n’est pas exempt de défauts, je trouve que l’une des parties est assez faiblarde d’un point de vue puissance de feu. L’avestite n’est accompagné que de quelques centaines de paysans et je sais qu’à Fading Suns, ça ne résiste pas à un groupe armé de blasters et de boucliers énergétiques s’ils sont décidés à recourir à la violence. Je pense que mes joueurs de l’époque aurait rasé le village sans hésiter en brûlant l’avestite au passage. Ensuite, une baronne a forcément une cour assez fournie et cela devrait mettre la puce à l’oreille rapidement des joueurs qu’on fasse appel à des étrangers pour cette mission. Je chipote. J’adore ce type de scénario.

La partie « Background » du supplément est plutôt bien faite. J’ai bien aimé la présentation d’Achaeon que j’avais du mal à imaginer avec les quelques éléments de description de l’Atlas des fiefs Al-Malik . Je me représente mieux ses tours de plus d’un kilomètre de haut, ses usines et son smog.

Au final, je suis très mitigé. Je m’attendais à une campagne bien présentée avec de belles illustrations modernes. J’ai un bouquin avec les dessins d’une classe de 5^ème contenant trois maigres scénarios à peine connectés. Il y a certes un très bon scénario et du bon background qui sauvent le tout mais heureusement que je l’ai eu d’occasion. J’aurais vraiment eu les boules de l’acheter 35€.