Mon top jeu de fin d'année
Trop, il y en trop, trop de sorties de bons jeux en cette fin d’année. Si je dois pour l’instant me contenter de saliver, rien ne m’empêche de partager mon enthousiasme 😉Il y en pour tous les goûts en cet nouvel âge d’or du jeu de rôles. Me concernant, il s’agira plutôt de jeux assez classiques, des rééditions, des suédois et de la production française. Il s'agit de livres effectivement disponibles.
Le retour des Grands anciens
Ils reviennent dans de nouvelles versions, avec des traductions toutes chaudes, l’encre est à peine sèche.
Runequest
Seul le livre de base est sorti à ce jour, mais il est magnifique et il réunit enfin le système Basic (et son dé de pourcentage) et le monde de Glorantha. Un an après la mort de son créateur, Greg Stafford, il est excitant de retrouver ce jeu créé dans les années 70 et qui avait connu une belle version française dans les années 80. L’histoire éditoriale fut ensuite assez complexe avec une séparation du système et de l’univers. Greg Stafford a continué à faire vivre son univers dans un autre jeu : HeroWars devenu plus tard HeroQuest. C’est un monde immense, médiéval-fantastique ou plutôt antique-fantastique, très fantastique d’ailleurs : les mythes et les dieux y sont réels et à peu près tout le monde y pratique la magie.
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Dans cette nouvelle version, on en revient à la traditionnelle région de la Passe des Dragons. L’empire Lunar, où domine le culte de la lune rouge mêlé de chaos, a envahi le royaume de Sartar, patrie d’adorateurs des dieux du vent. Une nation tribale, belliqueuse et indisciplinée qui résiste à l’occupation d’un empire bien organisé : ça ne vous rappelle rien ? La comparaison s’arrête là, tellement le monde est riche de ses races de fantasy revisitées, de ses dieux, ses mythes et ses cultures.
J’ai au travers du temps accumulé beaucoup de matériel gloranthien, mais mes rendez-vous ludiques avec cet univers ont plutôt été ratés : une campagne RuneQuest avortée au bout de 2 séances faute de parvenir à réunir les joueurs suffisamment souvent et une campagne HeroQuest à Prax où il y a eu un véritable rejet du système de jeu par les joueurs. J’ai également été joueur dans une campagne où le MJ utilisait les règles de Feng Shui, mais là c’est moi qui ai décroché. Une des grandes difficultés de l’univers est je trouve de trouver comment entrer dedans. Il est si vaste et si touffu qu’il en est intimidant. Espérons qu’avec cette nouvelle version sera pour moi l’occasion d’enfin y trouver une expérience ludique satisfaisante !
Mage l’Ascension
On ne présente plus le Monde des ténèbres et sa pentalogie de jeu initiale : Vampire, Loup-Garou, Mage, Wraith et Changelin. On peut dire que Vampire a révolutionné le jeu de rôle dans les années 90 par son approche du jeu mais ce que je retiens de mon côté c’est la force des concepts et la richesse des univers. Le Monde des ténèbres a eu également une histoire éditoriale compliqué avec ses jeux connexes et sa réinitialisation complète des jeux avec un Nouveau Monde des Ténèbres. On est ici dans une réédition du jeu Mage d’origine et une compilation de la quintessence des différents suppléments.
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Le concept de Mage est particulièrement passionnant : je vais essayer de le résumer sans le trahir. On y joue des Mages à l’époque actuelle. La Magie existe et certains êtres humains disposent du Don permettant de plier la réalité à leur volonté. Mais au fil du temps, une faction de Mage, les technomanciens, a imposé une forme de réalité qu’elle a appelé la Science. Les technomanciens ont mis en place une protection de la réalité : toute utilisation de la magie crée désormais un effet de paradoxe : une sorte de contrecoup qui s’en prend au magicien. Depuis les Mages traditionnels sont obligés de ruser et de faire apparaître leurs effets magiques comme des concours de circonstances.
Comme de juste pour un jeu du Monde des ténèbres, Mage dispose de ses nombreuses factions et a comme horizon un changement complet de paradigme : l’Ascension. Cette édition 20ème anniversaire de ce que j’ai compris comprend le meilleur des différents suppléments et c’est un pavé de plus 1000 pages. De quoi contenter les MJs les plus détaillistes…
En ce qui me concerne, j’ai la vf du jeu des années 90 et j’ai fait quelques parties sympas comme joueur. J’ai plus fréquenté Ars Magica, un jeu de Mark Reinhagen, l’un des créateurs du monde des ténèbres, un sorte de version médiévale de Mage. Cette nouvelle édition me tente bien comme les autres versions anniversaire, mais comme la probabilité que je le maîtrise me semble faible, je pense que je résisterai à la tentation.
Les suédois en folie
Les suédois sont les meilleurs, la preuve.
Alien
Je ne vois pas ce qu’on peut faire d’Alien en jeu de rôle. Attention, j’aime bien les films et même les Aliens vs Predator. Mais l’univers ne me semble pas particulièrement riche et attirant. Les scénarios doivent être assez répétitifs. Alors pourquoi le mettre dans ce top de fin d’année. Ce jeu dispose d’une hype énorme. D’abord, l’objet livre plaît beaucoup. Ensuite ses mécanismes sont apparemment très immersifs tout en restant très classiques. L’expérience de jeu est (presque) unanimement appréciée. Et ce n’est pas si souvent qu’un jeu soit d’abord conçu pour des one-shots ! Ils sont bons ces suédois !
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Things from the flood
Things from the flood est la suite du jeu de rôle Tales from the Flood. Ce dernier proposait de jouer des enfants confrontés aux bizarreries d’une installation scientifique appelée le Loop dans les années 80. Dans Things from the flood, on joue des adolescents dans les années 90 et cette fois les choses ont vraiment mal tourné avec le Loop et la science déviante. Le jeu se veut plus sombre et les périls plus grands (on peut mourir dans cette suite !).
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Les mécanismes du jeu sont les mêmes que Tales from the Loop : un système classique à base de D6 (ou l’obtention d’au moins un 6 implique le succès de l’action), des scénarios simples alternant l’intrigue et le quotidien et des procédures pour renforcer le line narratif entre personnages.
J’avais trouvé que le supplément France 80 apportait vraiment son sel à Tales from the Loop et j’attends donc la sortie de France 90 qui se fait attendre pour me lancer dans cette version 90.
Créations de chez nous
La production française est foisonnante, J’ai retenu en cette fin d’année 2 jeux.
L’Empire des cerisiers
Olivier San Filippo est un illustrateur et surtout un cartographe très apprécié du petit monde rôliste. Le nombre de jeu et de suppléments sur lequel il est intervenu donne le vertige. L’empire des cerisiers est néanmoins son premier jeu conçu par lui de A à Z.
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Le jeu prend place dans un univers inspiré du Japon médiéval. Moins rigide que le monde de L5A et permettant une plus grande variété de personnages, il semble conçu pour proposer une proposition ludique intéressante. Le livre est bien sûr magnifiquement illustré et cartographié. Il dispose de règles apparemment simples et élégantes.
Personnellement, le jeu ne m’attirait pas particulièrement, n’ayant pas un grand attrait pour les japoniaiseries. J’ai bien joué à Bushido et Sengoku dans ma jeunesse mais ces expériences m’ont suffi et je n’ai pas particulièrement envie d’y rejouer. Mais, le succès critique du jeu est énorme et il reçoit beaucoup de message d’admiration. Me laisserai-je tenter ?
Pax Elfica
Pax Elfica est à la fois une campagne et un cadre de jeu médiéval fantastique. Côté règle, il est décliné pour D&D 5 et pour le système maison de son éditeur les XII Singes. Ce que fait le charme de ce cadre de jeu, c’est d’abord son pitch.
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Le Nécromancien a étendu sa domination sur le monde par la guerre, la peur et la sorcellerie. Heureusement, les elfes sont sortis de leurs forêts pour faire cesser sa tyrannie. Le problème, c’est que les elfes sont restés et que leur règne est à peine moins tyrannique que celui du Nécromancien. Ils interdisent un tas de choses comme faire de la magie ou couper des arbres, ils pourchassent ceux qui les critiquent, n’hésitent pas à transformer ceux qui leur résistent en véritable zombies dénués d’intelligence et on dit même qu'ils enlèvent des enfants. La résistance s’organise mais les elfes disposent de beaucoup d’alliés et utilisent les animaux pour espionner les humains.
Ce pitch est original et alléchant je trouve. Tous les retours tendent à montrer qu’à la fois le matériel de jeu et la campagne sont excellentes. Ca a l’air d’être du tout bon.
2021 devrait apporter également son lot de très bonnes créations françaises, j’attends notamment la sortie en livres de Nautilus, un jeu où les joueurs incarnent les successeurs du capitaine Nemo, Les Héritiers, un univers ressemblant un peu au Paris des Merveilles de Pevel (miam) et le jeu satirique de mon ami Benoît Donjon & Cie, où l’on joue les employés d’un donjon fonctionnant comme une entreprise moderne voué à détrousser les aventuriers.