Testé pour vous : L'Enfant de colère (Livre de base Maléfices 3ème édition)
Troisième scénario à ma table de Maléfices : L’enfant de colère du livre de base de la 3ème édition !
Après ma relecture de tous les suppléments de la gamme, j’ai proposé le jeu au club. Cela m’a permis de réunir quatre joueurs pour une table mensuelle. Tirés au sort parmi les 16 scénarios officiels, le premier scénario fut Danse Macabre, le deuxième ce fut Cœur Cruel et maintenant c’est au tour de l’Enfant de Colère. Attention : spoiler inside !
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A la lecture, j’avais bien aimé ce scénario, d’abord parce qu’il se déroule à Charleville et que je suis né dans les Ardennes. Bien que se déroulant en 1901, pas mal d’endroits existent toujours et je me repère dans la topologie des lieux. C’était amusant de voir évoluer le scénario dans un environnement familier avec la figure bien connu du poète Arthur Rimbaud. Côté intrigue, cela semblait plaisant mais j’avais eu l’impression néanmoins que les personnages des joueurs, encore une fois, allaient avoir peu de prise sur l’histoire.
Pour résumer l’intrigue, les personnages sont membres de l’association des « Amis de Rimbaud ». Ils viennent de Paris pour participer aux événements marquant le dixième anniversaire de la mort du poète ardennais. Des événements étranges se succèdent. D’abord, on tire sur Georges Lyndon, un comédien parisien invité par l’association pour réciter des poèmes d’ « une saison en enfer ». Puis la tombe d’Arthur Rimbaud est vandalisée d’un graffiti étrange rappelant une étoile de David. Le beau-frère de Rimbaud, Paterne Berrichon, est l’objet d’une tentative de meurtre. Des faux et des vrais écrits de Rimbaud apparaissent. C’est donc un scénario d’enquête sur un fond fantastique. Ces méfaits sont perpétrés par un jeune homme qui est possédé par l’esprit de Rimbaud ou en tout cas qui le pense. Il fait tout pour s’en débarrasser : signe cabalistique de protection et meurtre des proches du poète. Il est manipulé par un faussaire qui préfèrerait qu’il continue sagement à écrire des poèmes avec une écriture totalement similaire à celle du défunt.
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3 des joueurs ont participé à ce scénario. Une joueuse avait repris son personnage de Danse Macabre, Jocelin Clayrac, peintre incompris qui voit une similitude entre son destin et celui de Rimbaud. Deux joueurs ont créé de nouveaux personnages, Jean-Richard Marégot, un rentier qui veut épater la galerie avec sa culture poétique et Jean Laffont, un coiffeur barbier parisien d’un quartier chic qui suit la dernière lubie de sa chère épouse Marguerite. Le scénario a duré deux séances de 4 heures environ. Vous trouverez le compte-rendu de la partie ici. En résumé, les personnages n’ont au début pas trop suivi les pistes : notamment sur les vrais et les faux écrits de Rimbaud. Ils m’ont expliqué qu’ils trouvaient que l’implication et l’intérêt de se plonger dans l’enquête pour leur personnage n’était pas évident. La première partie a d’ailleurs été un peu poussive à mon goût. La deuxième avec un joueur en moins a été plus rythmée et pleine d’action, les personnages se lançant à la poursuite du jeune homme dont ils avaient appris le nom et l’adresse. Ça s’est terminé comme prévu dans le scénario dans le train de retour où le jeune homme tente de tuer la sœur de Rimbaud.
Il y a deux points que je n’avais pas vus à lecture et qui se sont révélés lors de la partie. Le premier point a été relevé par les joueurs : il manque un aiguillon favorisant l’implication de leur personnage dans le scénario. Cela fait certes partie du contrat social que les personnages enquêtent sur ce qu’ils se passent mais une implication plus personnelle quant aux événements ne feraient pas de mal. Si vous faites jouer le scénario, pensez-y. Pourquoi pas mettre un lien entre un PJ et Georges Lyndon, pourquoi pas établir qu’un PJ ait servi d’intermédiaire entre Eckermance et le président Duval ou soit carrément l’acheteur des inédits de Rimbaud. Je vous laisse imaginer d’autres liens à l’intrigue.
Le second point concerne la linéarité. Finalement, il y a beaucoup de possibilités pour contrer les plans du jeune homme possédé et même d’Eckermance. La linéarité est donc toute relative et les ramifications de l’enquête permettent d’obtenir un scénario laissant bien plus de place à l’initiative des joueurs. Un seul point m’énerve un peu dans la construction de l’énigme, c’est que le seul moyen d’identifier le jeune homme est me semble-t ’il quand le libraire donne son nom aux personnages. Je serais joueur, je serais frustré que ce point crucial du scénario soit donné par le MJ et non trouvé par les actions des personnages.
J’ai pensé aussi que compte-tenu du côté fantastique de la possession, il pourrait être utile d’envisager un épilogue de type fantastique : un exorcisme, une séance de spiritisme avec un dialogue avec l’esprit de Rimbaud ou des signes cabalistiques qui fonctionnent vraiment. Pourquoi ne pas introduire dans les Amis de Rimbaud un PNJ dont le monde se moque comme étant un charlatan : prêtre exorciste, organisateur de séances spirites ou occultistes abscons qui pourrait amener une clé aux personnages des joueurs.
En conclusion, je continue de penser que c’est un bon scénario. Les quelques adaptations que je préconise le rendront encore meilleur je pense : impliquer les personnages personnellement pour les inciter à entrer dans l’enquête, prévoir un moyen d’identifier l’auteur sans l’intervention du libraire et prévoir une possibilité de résolution de type « fantastique ». Prochain scénario tiré au sort : Folies Viennoises.
Une synthèse du scénario m'ayant permis de le préparer