Légendes Tahitiennes : les terres polynésiennes
Paraita écoutait une fois de plus les histoire du vieux Otoe. Celui-ci lui parlait de terres lointaines où les gens parlent d’une façon bizarre, de Aotearoa où existe une poudre blanche qui tombe du ciel, de Rapa-nui où d’immenses ti’i regardent la mer, de Hamoa où les nobles élisent leur chef, de Tonga et son roi malfaisant ou encore de Havai’i-a où les dieux font cracher du feu à la terre. Cette fois-ci, Paraita avait du mal à croire Otoe. Il faudra qu’il voit ces merveilles de ses propres yeux.
La civilisation maohie appartient à une civilisation plus vaste, appelée polynésienne. Les archipels peuplés par les polynésiens partagent une culture et une langue très proche. Société hiérarchisée, sorcellerie, tabous, compétences nautiques sont présents dans toutes ces îles. Les catamarans des personnages joueurs auront soif de nouveaux horizons et ce chapitre se propose une rapide description des archipels du triangle polynésien et de quelques autres cultures de l’océan Pacifique.
Les archipels du triangle polynésien
Tonga (To’a)
Tonga est un archipel constitué d’îles basses et d’îles hautes. Tonga est au coeur du monde polynésien car c’est ici que cette culture s’est distinguée de la culture précédente appelée lapita. C’est également à partir de Tonga que les polynésiens partirent pour coloniser l’ensemble du triangle polynésien. A Tonga s’est épanoui un royaume dont la dynastie est aujourd’hui toujours au pouvoir. Le roi de Tonga est très expansionniste et à certaines périodes, les Samoa font partie de son empire. A son apogée, il établit même des colonies jusqu’en Mélanésie.
Samoa (Hamoa)
Samoa est aussi un des plus vieux établissements des ancêtres des polynésiens. Comme Tonga, il fut le lieu de départ de nombreuses migrations. Souvent en guerre avec Tonga, avec l’archipel du dieu Au ou avec les rotumans, les samoans furent même esclaves des tongans à une certaine période. Le chef samoan, le matai, a la particularité d’être élu par ses pairs. Les décisions politiques se prennent lors d’assemblées de chefs appelées fono.
Note : Les Samoa sont aujourd’hui divisées en deux entités politiques: les Samoa américaines sous tutelle des USA et les Samoa, état indépendant connu pour son équipe de rugby.
L’archipel austral (Ma’aia)
Sous ce nom se regroupent les actuelles îles australes et îles Cook. Ces îles sont proches culturellement de Tahiti et Havai’i mais disposent de traits propres. Les îles principales sont Tupuai, Rarotonga, Mangaia, Raivaevae, Rurutu et Rapa. Les éléments les plus connus de ces îles sont les proues sculptées de Rarotonga, les dieux bâtons et le pa (forteresse) dominant l’île pelée de Rapa. Certaines entretiennent des relations soutenues avec Tahiti car elles abritent de nombreux perroquets rouges dont les plumes ont une grande valeur.
Les Paumotu
Les Paumotu (aujourd’hui Tuamotu) sont des îles coralliennes avec très peu de reliefs. Leur culture est proche de celle de Tahiti. Cependant, leur mode de vie est assez différent du fait de la difficulté des conditions. Les Paumotu sont réputées à Tahiti pour leurs théologiens, leur cannibalisme et leurs perles. Les karioi, équivalents paumotu des ‘arioi, forment d’avantage une bande de jeunes débraillés qu’une secte de véritables baladins. Les îles proches de Mangareva (actuel archipel des Gambiers) sont des îles hautes et plus froides qui font partie du même ensemble culturel.
Te Henua Enata (Hiva)
Te Henua Enata est une terre abrupte formée d’îles volcaniques aux paysages déchiquetés. L’absence de lagon y rend la mer dangereuse. Les Enata aiment la guerre et offrent de nombreux sacrifices humains à leurs dieux, Tu et Tane en tête. Ils construisent de nombreuses et parfois gigantesques terrasses pour surélever leur maison. Les Enata sculptent également de très grandes statues du dieu créateur de l’homme, Tiki. Te Henua Enata est une terre populeuse où chaque vallée est indépendante. Aujourd’hui appelé îles Marquises, cet archipel est maintenant très peu peuplé, mais restent un conservatoire des traditions artistiques polynésiennes.
Aotearoa
Le long nuage blanc est la signification polynésienne de Aotearoa. Ici en effet, les Polynésiens trouvèrent le froid et la neige. L’actuelle Nouvelle-Zélande est beaucoup plus diverse et étendue que toutes les terres qu’avaient connues les polynésiens. Colonisé à partir de l’archipel maohi, Aotearoa fut d’abord le théâtre d’une adaptation aux conditions locales. Beaucoup de plantes et d’animaux (en particulier le cochon et la poule) ne purent prendre pied sur cette terre. Les polynésiens vécurent d’abord en semi-nomades puis se fixèrent lorsque leurs techniques agricoles le permirent. Ils apprirent ainsi à tisser le lin, à stocker les kumara (patate douce) et à cultiver les pousses de fougères. Leurs sculptures et leurs tatouages exubérants sont également très originaux. Les polynésiens y vivent en constant état de guerre. Leurs pa (forteresse) donnèrent d’ailleurs beaucoup de fil à retordre aux anglais.
Hawaï’i (Havai’i -a)
Hawaï fut colonisé à partir de Tahiti. Il s’agit d’îles volcaniques comportant des volcans en activité. Les rapports entre classes sont ici particulièrement ritualisés et soumis à de nombreux tabous. Les hulas, organisation de baladins errants “sponsorisés” par les alii (les nobles), amènent un peu de douceur et de créativité dans cette société. Par contre, les colères de la déesse des volcans, Pele, y amènent le feu et la fureur. Le dieu de la guerre Ku est représenté dans des grandes statues grimaçantes en osier couvert de plumes ou en bois. Tahiti et Havai'i a aurait conservé des contacts soutenus pendant plusieurs siècles.
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Rapa-nui
Rapa-nui est plus connue sous le nom d’île de Pâques. Selon la légende, elle fut colonisée par chef Hotu-Matua ; on suppose que l’île resta ensuite isolée du reste du monde polynésien. Ses immenses et célèbres statues, les Moai, se dressent sur les autels, les Ahu. Mais d’autres facettes étonnantes forment le caractère de cette île comme les multiples grottes, les tablettes d’une écriture indéchiffrée (les Rongo-rongo) ou encore la course de l’homme-oiseau visant à ramener le premier oeuf de l’année en l’honneur du dieu Make Make. C’est une île de mystères et d’inconnu.
les autres îles
D’autres îles, plus petites, font également partie du monde polynésien. Certaines étaient inhabitées à l’arrivée des européens mais comportaient des traces des polynésiens. L’actuelle île Pitcairn par exemple (l’île des mutins du Bounty) a longtemps supporté une population polynésienne. Les actuelles îles de la Ligne servirent de relais entre Tahiti et Hawaï. Les polynésiens peuplèrent également des îles de régions plus éloignées comme Kapimarangi en Micronésie ou Rotuma au nord des Fidji. Les Tongans avaient par ailleurs des colonies en Mélanésie.
Les régions et les peuples proches des polynésiens
Les mélanésiens
Les mélanésiens ont la peau noire et partagent de très nombreuses similitudes culturelles avec les polynésiens. Ils utilisent les mêmes techniques et ont des langues proches du polynésien. Leur société est moins stratifiée et leur culture et leurs mythes ne sont pas homogènes. Deux hypothèses quant à leurs origines cohabitent ; ils auraient commencé leur migration du sud-est asiatique au côté des ancêtres des polynésiens ou ils seraient le résultat de la synthèse des ancêtres des polynésiens avec les indigènes papous.
La Mélanésie correspond aux actuelles îles Salomon, aux Vanuatu et à la Nouvelle-Calédonie. Des mélanésiens vivent également dans les aires de peuplement papou. Dans certaines îles mélanésiennes, les tongans formèrent par ailleurs des colonies.
Fidji
Les fidjiens sont à l’origine mélanésiens, mais leur nombreux contacts avec leurs voisins polynésiens transforma leur société qui devint une société hybride des deux cultures.
De plus, il existait des échanges de femmes entre Fidji et Tonga dus à des alliances ou à des raisons sociales. A Tonga en effet, mieux valait épouser une étrangère qu’une femme qui n’était pas de son rang.
L’Australie
Les Australiens n’eurent certainement jamais aucun contact avec les polynésiens malgré la proximité relative d’Aotearoa. Appartenant à une race propre, les habitants de ce continent étaient selon les standards occidentaux très primitifs. En effet, ils étaient des nomades dont l’objet le plus technologique étaient le boomerang. Cependant, la richesse des mythes est extrême. Les australiens croyaient à un temps mythique, le temps du rêve, durant lequel les esprits du rêve façonnèrent le monde et continuent de le façonner par leurs actions; les rêves sont des liens avec ces esprits du rêve. Le totemisme est également très présent, on considère en effet que ce sont des esprits du rêve qui fécondent les femmes. Cette vue des mythes aborigènes est très schématique, mais c’est ce que pourront éventuellement comprendre des polynésiens entrant en contact avec des australiens.
La Papouasie
Les papous ne sont pas d’origine austronésienne comme les mélanésiens et les polynésiens, leur langue et leur culture sont différentes. Ils vivent sur l’île de Papouasie et les îles à l’ouest de cette grande île. Le climat y est tropical et la diversité écologique est beaucoup plus importante que dans les îles polynésiennes.
La première remarque à faire à propos des papous est qu’ils constituent un ensemble de peuples très divers, il y a plus de 160 langues papoues et les cultures des différentes tribus varient énormément. En règle générale, la société n’est pas hiérarchisée par la naissance ou les origines divines. Le plus riche devient le chef. Ainsi chacun a sa chance de devenir un jour chef de la tribu. La richesse s’évalue surtout au nombre de cochons possédés et à la taille de leurs défenses. La maison des hommes est le centre d’un village, il s’agit d’immenses maisons où logent la plupart des hommes d’un clan.
Des sociétés “secrètes” existent chez les papous, mais elles sont assez différentes des ’arioi ou des hula. Elles ont une fonction de prestige et une connotation magique. On monte dans leur hiérarchie par des exploits réalisés dans la société ou en payant. La société Dukduk est la plus connue de ces sociétés.
L’art papou est très développé. Le côté esthétique des objets, des masques, des parures jouent un grand rôle. Dans la vallée du Sépik en particulier, l’inventivité est reine et les artistes sont propriétaires des inventions techniques et artistiques qu’ils ont créées. Ils pouvaient vendre ou échanger leurs procédés et leurs motifs.
La guerre et le cannibalisme font également partie de la vie de la plupart des tribus papoues qui ne connaissent pour la plupart pas les métaux. Seul à l’est, certaines tribus avaient des contacts avec des marchands de l’actuelle Indonésie et se procuraient des objets en fer et en bronze.
La Micronésie
La Micronésie regroupe des archipels d’îles basses se situant au Nord-Ouest du monde polynésien. Les insulaires de ces îles, bien que mongoloïdes, sont différents des polynésiens. Les archipels selon leur emplacement subissent plus ou moins fortement des influences des trois grandes régions proches de la Micronésie (Mélanésie, Polynésie et Asie). En Micronésie ont vu le jour certains états centralisés et des constructions mégalithiques. A Ponhpei (Ponape en polynésien), la ville de Nan Madol bâtie sur des ilôts dans une lagune tente d’imposer sa loi et rivalise avec Kosrae (Kusaie en polynésien) où s’élèvent des mégalithes et des voies pavées. De leur côté, les habitants de Yap ont inventé une forme de monnaie en pierre et s’en servent pour commercer avec les îles voisines.
Les sociétés micronésiennes sont moins hierarchisées que les sociétés polynésiennes, mais une classe noble existe parfois. Les dieux sont locaux et la puissance de la théocratie varie. Ici, le mot d’ordre est très souvent la survie. Les micronésiens sont comme les polynésiens de très grands navigateurs.
L’archipel du dieu Au
L’archipel du dieu Au correspond aux actuels états de Kiribati et Tuvalu, les anciennes îles Gilbert et Ellice. Ces insulaires sont micronésiens, mais leur société est fortement influencée par le modèle polynésien.
Les insulaires croient qu’ils ont été exilés d’un pays à l’ouest s’appelant Matang où les habitants ont la peau blanche. Un jour, l’exil prendra fin et les habitants de Matang viendront dans les îles. De nombreux dieux peuplent Matang. Le plus marquant est le dieu du soleil, Au, qui protège les habitants de l’archipel.
Il existe dix clans dans ces îles. Le clan dirigeant est le clan du soleil, suivi de celui de la lune. L’ennemi du clan du soleil est celui du requin. Ces clans ne correspondent pas à des entités géographiques, mais à des unions de familles qu’on retrouve dans chaque village.
L’ordre des clans est plus une question de prestige et de préséance que de pouvoir. La plupart des questions touchant un village sont discutées à la maneaba, une maison commune.
La guerre est fréquente et oppose les insulaires de ces îles entre eux ou les confronte aux samoans et tongans. Manger l’oeil de son ennemi permet de s’approprier son mana. Des duels confrontent parfois des champions opposés, ils sont vêtus d’une armure de fibre de coco et d’épée en dents de requins uniques dans les îles.
L’Amérique
L’existence de contacts entre le monde polynésien et l’Amérique constitue un des grands mystères couvrant l’histoire du Pacifique. Si l’hypothèse du peuplement des îles par l’Amérique est aujourd’hui écartée, certains éléments permettent de penser que des polynésiens ont foulé le sol américain. En effet, la kumara, la patate douce polynésienne, est une plante qu’on ne trouve qu’en Amérique et les navigateurs polynésiens étaient capables de s’y rendre; on aurait retrouvé des ossements de poulets polynésien au Chili. L’île de Rapa-nui en particulier est proche des côtes de l’Amérique. Au Maître des Légendes de décider ce qu’il en est dans sa campagne.